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La Nouvelle-Zélande

Industrie

Industrie

Il existait, l’an dernier, en Nouvelle-Zélande, 2459 manufactures et fabriques employant 27389 ouvriers, dont 4403 femmes. Ces industries (terrains, bâtiments et machines compris) représentaient un capital de près de 6 millions de livres (150 millions de francs). Les matières premières y employées étaient estimées environ 80 millions, et la valeur des produits manufacturés dans ces établissements pouvait représenter à peu près 240 millions page 219
Black and white photograph of milk powder in barrels.

Une laiterie en Nouvelle-Zélande. — d’après une photographie.

de francs. Les salaires payés au 27000 ouvriers des deux sexes cités plus haut se sont élevés à 2 millions de livres sterling, soit un peu plus de 50 millions de francs; ce qui donne pour l’ensemble de tous les salaires ouvriers une moyenne de 40 francs pour les hommes et 15 francs pour les femmes par semaine. La journée étant strictement de huit heures, ceci donne une moyenne à l’heure de 0 fr. 85 aux premiers et 0 fr. 32 aux secondes.

Sur ces 2459 manufactures, 40 pour 100 se trouvent dans les provinces d’Auckland (573) et Otago (516), 32 pour 100 dans celles de Canterbury (448) et Wellington (396). Le reste est réparti entre les provinces de Taranaki, Malborough, Nelson et Westland.

Les établissements dont le nombre est le plus considérable sont les scieries mécaniques avec les fabriques de portes et châssis de fenêtres (299). Viennent ensuite les tanneries, peausseries et blanchisseries de laine (177), les fabriques de beurre et page 220fromages (170), les imprimeries et typographies (154), les fabriques d’eau gazeuse (132), les établissements de carrosserie, charronnage et peinture en voitures (116), les manufactures de vêtements et chaussures (92).

De tous les établissements industriels de la colonie, ceux dont sort la plus grande somme de produits sont les usines de viande congelée qui, avec 30 établissements, ont produit pour plus de 40 millions, soit le sixième de la production industrielle totale du pays. Les tanneries, peausseries et blanchisseries de laine ont donné presque autant (30 millions de francs), mais avec 177 usines. Presque le tiers (70 millions sur 240) de la valeur des produits d’usines et des fabriques provient donc de la viande et de la dépouille des animaux, et cette proportion augmentera suivant toute vraisemblance. On comprend, en présence de ce fait, les encouragements donnés à l’élevage et les précautions vigilantes dont le Gouvernement fait preuve sans cesse vis-à-vis des éleveurs, en maintenant des quarantaines sévères qui empêchent l’introduction des épizooties par lesquelles serait vite tarie l’une des plus précieuses sources de la richesse locale.

Les propriétaires d’animaux et les industriels néo-zélandais nourrissent le vif désir de pouvoir, un jour ou l’autre, écouler leurs viandes gelées sur d’autres pays d’Europe que l’Angleterre. Le marché français, en particulier, les attire. Que de do léances n’ai-je pas entendues sur les mesures qui interdisent l’entrée de notre territoire aux carcasses de moutons privées de têtes et fressures? Malgré les grandes dépenses que néces siterait un pareil changement dans une partie de leur production, les grands usiniers se résoudraient bien à cette adjonction s’ils croyaient pouvoir écouler leurs produits dans notre pays, mais ils se rendent compte que la masse des consommateurs, en France, serait plutôt réfractaire à l’usage de la viande congelée (excellente pourtant). Ils savent aussi que ce nouvel élément de baisse provoquerait un toile général parmi nos agriculteurs qui ont tant de peine à continuer l’élevage, malgré les tarifs protecteurs.

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Mais si la viande gelée ne paraît devoir convenir, à aucun égard, dans la métropole, l’on se demande si certaines de nos colonies, où le ravitaillement en viande fraîche est difficile, où les animaux de boucherie sont généralement maigres et de médiocre qualité, n’auraient pas avantage à tenter l’expérience. La viande congelée, par les procédés actuels, est aussi saine, aussi nourrissante et, à peu de chose près, aussi savoureuse que la viande fraîche de première qualité. Elle est certainement supérieure à celle dite, en France, de deuxième qualité, en tout cas fort au-dessus des meilleures conserves. Pourquoi, dans nos possessions indo-chinoises en particulier, où le mouton est une véritable viande de luxe, que l’on fait venir à grands frais des colonies anglaises voisines, n’essaierait-on pas d’un ou deux chargements dont la vente plus ou moins rapide permettrait de juger si cette innovation serait ou non accueillie avec faveur. L’affrètement d’un steamer ad hoc pour Saigon ou Haïphong ne serait pas excessif. Un établissement provisoire permettant de conserver la viande serait établi, sans grands frais au port de débarquement. Il y a là, semble-t-il, une idée qui méritait d’être signalée.

Les salaires payés aux ouvriers des usines de congélation se montent à une somme annuelle de près de 5 millions de francs, le dixième par conséquent de l’ensemble des salaires versés par les diverses usines et manufactures de la colonie.

La brasserie est une industrie assez importante en NouvelleZélande: on y compte 85 établissements employant 465 ouvriers dont les salaires représentent 1 million 1/2 de francs et qui produisent, chaque année, 230000 hectolitres de bière, valant à peu près 8 millions de francs, soit 34 francs l’hectolitre.

Le vin est une industrie naissante qui remonte à une douzaine d’années au plus; on en a récolté, l’an dernier, 600 hectolitres, les 2/3 dans l’île du Nord, dont le climat convient le mieux à la culture de la vigne. Si cette industrie, malgré la faible production actuelle, est mentionnée ici, c’est en raison de l’importance qu’elle paraît devoir prendre plus tard, et surtout pour attirer page 222l’attention des viticulteurs français susceptibles de tenter l’expérience. La culture de la vigne et la production du vin dans ce pays feront, d’ailleurs, comme il a été dit. déjà, l’objet d’un rapport spécial.

Les scieries mécaniques et fabriques de châssis pour portes et fenêtres, dont les établissements sont les plus nombreux, occupent plus de 4000 ouvriers, le septième de la population manufacturière de la colonie. Les ouvriers du bois touchent 8 millions de francs par an, presque le sixième de l’ensemble des salaires; leur productions s’évalue à 20 millions de francs, soit le douzième de toutes les industries néo-zélandaises.

On compte dans les fonderies 1320 ouvriers qui gagnent 2500000 francs. Les objets fabriqués et réparés par eux sont estimés 6 millions.

Les imprimeries et établissements typographiques occupent 2400 ouvriers dont 228 femmes. Les salaires des typographes sont de 5500000 francs. Les ouvrages sortis de leurs presses valent 10000000 de francs.

Dans la carrosserie on compte 800 ouvriers touchant 1 million 400000 francs de salaires et produisant pour 4 millions.

Les peausseries et tanneries donnent de l’ouvrage à plus de 1600 personnes auxquelles reviennent 3 millions de paie annuelle, et dont la prodnction peut être évaluée à 30 millions.

Neuf manufactures de laine occupent 1400 ouvriers dont 400 enfants; il leur est versé annuellement 1500000 francs, et l’on estime la laine manufacturée dans ces usines à 7 millions 1/2.

Les fabriques de chaussures comptent 1900 employés des deux sexes, qui gagnent plus de 3 millions et livrent à la vente pour 8 millions de marchandises, chaque année.

Il y a enfin 168 usines où l’on broie le quartz extrait des mines d’or, contre 135, il y a huit ans. Près de 3000 ouvriers y travaillent constamment. L’or et l’argent ainsi obtenus représentent une valeur moyenne annuelle de 12 à 14 millions; l’outillage de ces usines est estimé 9 millions.

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Black and white photograph of gum diggers, c.1904.

Chercheurs de Gomme Grattant le Produit de Leur Becolte. — Photographie de J. Martin, a Auckland.

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Par tout ce qui précède, on voit que la Nouvelle-Zélande est une colonie riche et en marche vers une prospérité toujours croissante, surtout du côté de l’agriculture et de l’élevage. Quant à l’industrie, à part celle consacrée aux produits des animaux, elle est loin d’avoir atteint le développement auquel on pourrait s’attendre. Nous avons mentionné plus haut les causes qui arrêtent son essor. Il faut y ajouter les entraves apportées à l’immigration. Si, au lieu de 700000 habitants, la colonie en comptait 3 ou 4 millions, la production des manufactures augmenterait dans des proportions considérables, non seulement en raison du plus grand nombre de consommateurs, mais aussi à cause des salaires dont la légère baisse progressive encouragerait la création de nouvelles fabriques. Mais les associations ouvrières, maîtresses des votes et, par conséquent, de la politique, ne veulent entendre parler de rien de semblable. Elles font croire aux ouvriers néo-zélandais que tout serait perdu pour eux si les travailleurs d’autres pays étaient admis librement. On l’a bien vu, au mois de janvier passé, par les mesures prises contre les Autrichiens.

L’activité de cette branche paraît donc devoir rester stationnaire.