La Nouvelle-Zélande
Commerce Avec La France
Commerce Avec La France
Je suis surpris, alors qu’il se fait tant d’affaires avec notre pays sur les laines d’Australie, qu’aucun manufacturier ou producteur français ne songe à faire venir des laines de NouvelleZélande. De même, le phormium tenax ou chanvre indigène pourrait être utilisé dans une bien plus large mesure par les fabricants de cordages. Un de nos compatriotes, propriétaire de deux usines d’apprêt de cette fibre textile, en envoie quelque peu en France et pourrait satisfaire des demandes plus nombreuses. La gomme de Kauri, semble-t-il, trouverait aussi quelques applications dans l’industrie française. Je ne pourrais page 226qu’engager nos industriels, désireux d’entrer en rapport direct avec la colonie pour ces articles, à s’adresser au consulat qui leur indiquerait une ou deux maisons sérieuses avec lesquelles traiter.
Quant aux importations d’articles français en NouvelleZélande, le commerce n’est pas aussi important qu’il devrait l’être. Cela tient à plusieurs causes: au peu de connaissance, d’abord, que l’on a chez nous du marché néo-zélandais.
L’habitude prise par la plupart des maisons du pays de faire venir des articles français par l’entremise de leurs agents à Londres, et aussi les tarifs douaniers rendent également très difficile la vente, des objets dont le prix de revient est déjà élevé en France. Nos commerçants pourraient remédier au premier de ces inconvénients soit directement, soit en écrivant au consulat par l’entremise de l’Office national du Commerce extérieur, dont l’utilité s’affirme de jour en jour; il leur sera répondu, promptement, avec des informatiens aussi complètes que possible.
Ce serait, d’ailleurs, une erreur de croire que la NouvelleZélande est un marché ouvert à la production française. Au contraire, les articles qu’on peut, actuellement du moins, y placer avec avantage sont en petit nombre, mais les maisons, qui trouvent moyen d’acheter nos produits dans des conditions leur permettant de réaliser un bénéfice marqué dans la revente à la clientèle locale, se montrent généralement satisfaites de l’expérience et disposées à la tenter à nouveau sur une plus large échelle.
Le mieux serait, évidemment, que les maisons assez importantes pussent envoyer, de temps à autre, tous les deux ou trois ans par exemple, des voyageurs qui visiteraient les principaux centres de commerce de la colonie. Ces envoyés devraient être, cela va sans dire, actifs et intelligents; ils devraient, surtout et avant tout, posséder parfaitement l’anglais. Sans cette connaissance de la langue ils ne feraient que perdre leur temps et l’argent des maisons représentées. II faudrait, aussi, qu’ils fussent pourvus d’échantillons en grand nombre et ne craignissent pas d’être très larges sur tous rapports. C’est l’habitude de ce pays où l’on sème beaucoup, mais dans le but de récolter énormément, et ce but est très souvent atteint.
Les principaux articles français qui, jusqu’à présent, paraissent s’écouler assez facilement en Nouvelle-Zélande sont: les articles de Paris, les cuirs en tout genre, principalement pour reliure et chaussures, les articles de mode (chapeaux de dames, robes, tissus), les gants, les vins et les cognacs (de préférence ceux à bon marché), les instruments de précision et de chirurgie, les machines concernant l’éclairage électrique, les porcelaines et cristaux, les encres (ordinaires, d’imprimerie et de lithographie), les essences de toilette, les tissus de Roubaix, les toiles pour peintres, couleurs et pinceaux, pastels, etc., etc.
Cette énumération, du reste, n’a rien de limitatif, et je crois que bon nombre d’autres articles y trouveraient aussi facilement preneurs.
Mais je le repète en terminant: s’attacher moins à la qualité qu’au prix de revient modéré, avoir, si l’on peut, des employés capables de correspondre en anglais (comme la plupart des maisons allemandes qui exportent en Australasie), ne point craindre de faire les choses largement, voici les principaux éléments de succès.
II faut, en outre, recourir sur une large échelle à la publicité page 230— les petits commerçants d’ici en font, et les grandes maisons y consacrent chaque année des sommes importantes — envoyer tous les catalogues en « anglais », avec le prix en « monnaie anglaise », mieux encore se faire représenter dans les conditions indiquées ci-dessus. On pourra, ainsi, surmonter en partie la difficulté et placer certains produits, en dépit du bas prix des articles similaires (inférieurs du reste) de Londres. Ce sont là les seuls moyens de trouver de nouveaux débouchés à nos produits sur un marché qui, en raison de la langue, des traditions commerciales et, surtout de la routine, l’obstacle le plus difficile à vaincre, a pris l’habitude de recevoir, par l’intermédiaire d’agents anglais, les articles de France dont il pourrait s’approvisionner directement chez nous, à l’avantage réciproque des commerçants néo-zélandais et des producteurs français.