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La Nouvelle-Zélande

La Nouvelle-Zélande En 1899. — A Vis Aux Négociants Français. — Commerce Général. — Progrès de la Colonisation

La Nouvelle-Zélande En 1899. — A Vis Aux Négociants Français. — Commerce Général. — Progrès de la Colonisation.

I. — Moyens de Développer le Commerce avec la France

Tout ce que j’ai dit dans le rapport sur la situation économique de la colonie en 18981 à propos de la possibilité de développer les échanges entre la Nouvelle-Zélande et la France est toujours d’actualité. Ce travail m’a valu une volumineuse correspondance, et il a été répondu avec le plus grand soin aux questions généralement trop vagues de nos commerçants. Je ne saurais trop inviter ceux de nos compatriotes, qui désireraient essayer des affaires avec cette colonie, à exposer clairement le genre d’articles qu’ils désirent acheter ou vendre, la qualité, les prix, le crédit demandé ou accordé, etc.; la correspondance y gagnera en rapidité et surtout en précision. Rappelant brièvement les conditions que j’indiquais, l’an dernier, comme essentielles pour établir un courant d’échanges

1 Voir le Moniteur officiel du Commerce, n° 869, du 22 février 1900.

page 242entre les deux pays, je crois devoir insister à nouveau sur ces deux points: le crédit et la publicité. En ce qui concerne celle-ci, l’Office national du Commerce extérieur a envoyé, il y a peu de mois, à tous les postes un questionnaire1. J’y ai répondu d’une façon détaillée qui permettrait, je crois, à nos négociants d’être renseignés utilement. Cette fois encore, je répéterai: « sans publicité pas d’affaires possibles. » Si les maisons les plus anciennes et les mieux connues du pays continuent à y consacrer des sommes de plus en plus importantes, ce n’est évidemment pas par habitude de dépenser de l’argent, mais bien parce qu’elles considèrent cette façon de faire comme un adjuvant précieux. Le public est habitué maintenant à une publicité à l’américaine et il ne prendra pas la peine de chercher l’article qui ne s’imposera point à lui en quelque sorte par une réclame outrancière.
Quant aux crédits, ils sont, en général, assez longs et faciles. Quand un commerçant débute, s’il a une bonne réputation, s’il est honnête et industrieux, les banques n’hésitent pas à lui accorder de grandes facilités et des renouvellements répétés. II arrive bien quelquefois qu’elles perdent une partie de l’argent avancé, mais c’est très rare. D’abord, le service d’informations réciproques entre les établissements de crédit est fort bien fait, et, lorsqu’un individu ne réussit pas, si la banque qui lui a mis le pied à l’étrier est convaincue qu’il y a négligence grave ou malhonnêteté de sa part, elle peut le brûler, et il ne retrouvera plus d’avances pour s’établir à nouveau. Ensuite, les escrocs sont l’infime minorité, et pour un qui leur fait perdre de temps en temps, les banques en ont trente qui les payent très bien avec de gros intérêts; somme toute, elles y gagnent beaucoup. Certaines grandes maisons ayant un fort mouvement de capitaux payent, dès réception de la marchandise, et obtiennent ainsi un escompte important; mais l’achat à crédit est le plus

1 Les résultats de cette enquête ont été réunis en un volume: La publicité à l’ étranger; catalogues et journaux, en vente à l’Office national du Commerce extérieur, 3, rue Feydeau, à Paris. Prix: 2 fr. (port: 0 fr. 35).

page 243répandu; le système de nos négociants, qui considèrent la plupart comme un dogme commercial les fameux 90 jours, a donc, on le conçoit, peu de chance d’être apprécié dans ces colonies. Les Allemands n’ont pas hésité à adopter les habitudes du pays, sur ce point comme sur bien d’autres; aussi leur commerce en Australasie se développe de plus en plus. Ce qui leur procure également beaucoup de commandes, c’est l’empressement de leurs voyageurs à se plier aux goûts des clients et à commander, au besoin, aux maisons qu’ils représentent, des modèles conformes à ceux qu’on leur demande. Je ne sais si nos fabricants se prêteraient à ces exigences; en général quand on leur parle de modèles spéciaux, ils hésitent, et, pourtant, je le crois, plus on ira, plus il faudra montrer d’empressement à satisfaire les goûts de l’acheteur si l’on veut faire une concurrence utile aux autres nations, sur le terrain de l’exportation, surtout dans les pays primitifs et les colonies lointaines.

II. — Commerce Général

Le commerce total de la Nouvelle-Zélande, durant l’année 1899, a été de 20677968 livres sterling contre 18072156 en 1898, soit une augmentation de 2605812 liv. st., ou, en chiffres ronds, 65 millions de francs sur l’exercice précédent. Sur ces 65 millions, 37 concernent les exportations et 28 les importations. L’an dernier, les sorties ne dépassaient les entrées que de 50 millions; cette année, les secondes étant de 8739633 liv. st. contre 11938335 liv. st. aux premières, c’est, par conséquent, de 3198702, à peu près 80 millions de francs, que les exportations ont dépassé les importations en 1899.

Nous avions donc raison de dire que la Nouvelle-Zélande est en marche vers une prospérité toujours croissante.

Commerce d’Importation

Avec la France. — L’an dernier, la Nouvelle-Zélande a importé en France pour 30000 de francs de moins que durant page 244l’exercice précédent, mais il est à remarquer que celles de 1898 sont portées, cette année, à 20693 livres sterling au lieu de 16382 indiquées dans mon dernier rapport.

Cette rectification provient sans doute de ce que certains articles venant de France en transit, qui figuraient à la statistique générale des douanes à l’actif des pays de transbordement, ont été restitués à celui d’origine. Notre commerce d’importation dans cette colonie a donc été, l’an passé, en chiffres ronds de 480000 francs. C’est certainement moins que l’on pourrait attendre, mais je ne crois à aucun changement notable dans cette situation tant que nos commerçants ne se décideront pas, en plus grand nombre, à suivre les conseils que nous ne nous lasserons point de répéter.

Avec tous pays. — Voici, en deux tableaux, l’exposé des importations pour les deux années réparties par pays d’origine; le premier indique les puissances dont les importations sont en progrès depuis 1898, le second, celles dont les envois ont été plus faibles:

Pays D’origine 1899 1898 Augmentation
liv. st. liv. st. liv. st.
Royaume-Uni 5526645 5148833 377812
Nouvelle-Galles du Sud 748201 641804 106397
Victoria 407078 332422 74656
Hollande 21633 10780 10863
Inde 212731 201910 10821
Iles du Pacifique 52249 43450 8799
Allemagne 160605 153102 7503
Grèce 13075 6077 6998
Belgique 44561 38013 6548
Singapore 19884 16303 3581
Ceylan 116833 113813 3020
Italie 6935 4519 5416
Asia Mineure 11354 9043 2311
Antilles 2485 423 2062
Iles Philippines 6632 5251 1381
Australie du Sud 30165 28802 1363
Japon 40543 39476 1067
Suisse 4454 3756 698
Canada 55021 54434 587
page 245
Production 1899 1898 Diminution
liv. st. liv. st. liv. st.
Birmanie 2959 2508 451
Australie de l’Ouest 663 273 390
Norvège 475 146 329
Suède 6199 5896 303
Egypte 518 301 217
Colonie du Cap 206 63 143
Iles Canaries 131 15 116
Portugal 2238 2154 84
Divers 125 2 123
Fidji 250706 320886 70186
Etats-Unis (côte Est) 687906 700555 12649
Etats-Unis (côte Ouest) 87403 99806 12453
Colombie britannique 8229 17057 8288
Hongkong 18363 26615 8252
Tasmanie 31991 35821 3830
Chine 4516 6301 1785
France 19481 20693 1212
Queensland 118730 119743 1013
Espagne 979 1453 474
Danemarck 919 1352 433
Autriche 946 1321 375
Ile Norfolk 569 750 181
Ile Malden 13973 14100 127
Terre-Neuve » 98 98
Madras 310 385 75
Divers 4 45 41

Les droits de douane perçus en 1889 se sont élevés £ 2042002 contre 1961726, soit 80000 ou 2 millions de plus. Ils se répartissent comme suit:

DéSignation Sommes
Spiritueux 414395 francs.
Vin 32045 francs
Aie, bière, etc 17594 francs
Cigares, cigarettes et tabac à priser 77810 francs
Tabac 263057 francs
Thé 79975—
Café, cacao, etc 6968 francs
Sucre et mélasse 162787 francs
Opium 6139 francs
Autres marchandises au poids 192987 francs
— — ad valorem 682722 francs
Autres droits 91155 francs
Colis postaux 14368 francs
Total 2042002 francs.
page 246

Quant aux droits d’accise sur les articles de consommation manufacturés dans la colonie, ils ont été de 82715 livres sterling soit de 50000 francs plus élevés qu’en 1898, où ils n’avaient atteint que 78842 liv. st. De ces 82000 livres, 78000 représentent les droits acquittés pour la bière; les teintures et le tabae manufacturé sur place ont payé 2000 livres chaque environ; pour le tabac à fumer, les cigares, cigarettes et tabacs à priser manipulés sur places, ils n’ont été que de 71 livres.

Dans le rapport pour 1898, j’ai indiqué les droits de douane acquittés pour les vins et spiritueux. Voici ceux des autres principaux articles de consommation: les cigares et le tabac à priser payent 7 shellings la livre anglaise, environ 21 francs le kilog. au cours actuel du change. Les cigarettes sont soumises à un droit de 22 francs le mille pesant 2 livres et demie et audessous; au-dessus, 0 fr. 60 de droit additionnel par 28 grammes. Le tabac manufacturé acquitte environ 9 francs le kilog., non manufacturé 5 francs; le thé, 1 franc le kilog.; le cacao, le chocolat et la chicorée 0 fr. 70; le café vert 0 fr. 45, grillé 0 fr. 60; le sucre, les mélasses, la cassonnade 0 fr. 12; la glucose 0 fr. 25. L’opium est frappé d’environ 100 francs le kilog; il en a été importé, néanmoins, prés de 1500 kilog. en 1900, dont l’entrée a rapporté 150000 francs au Trésor. Pour une population de 4000 Chinois, les seuls qui consomment cette denrée en dehors des quantités minimes employées par les pharmaciens, le chiffre est assez élevé. Chaque Céleste rapporte donc à l’État 40 francs par an, rien que pour sa consommation d’opium et, comme tout arrivant, acquitte pour être autorisé à débarquer un droit fixe de £ 100 (2500 fr.); les Chinois, on le voit, s’ils sont accusés de ruiner les maraîchers et revendeurs locaux en accaparant le marché des fruits et légumes, payent leur impopularité un bon prix, sous forme de redevance à l’Etat.

En plus des droits de douane, certains articles sont soumis à un droit d’accise, qui est de 3 francs le kilog pour le tabac à fumer, 4 francs pour les cigares, cigarettes et tabacs à priser et 2 fr. 15 la livre sur les teintures manufacturées page 247
Black and white photograph of gum diggers' huts, New Zealand, c.1904.

Hutte de Chercheur de Gomme. — Photographie de J. Martin, a Auckland.

dans la colonie et contenant au moins 50 pour 100 d’alcool1.

Dans les articles autres que ceux de consommation, tout ce qui est tissu, étoffes, objets de toilette, gants, vêtements et tous articles d’habillement payent, en général, 27 pour 100 de droits ad valorem, les autres varient de 5 à 40 pour 100. La taxation étant faite plutôt par article que par catégorie, il serait impossible de donner ici une liste qui serait beaucoup trop longue, mais le consulat communiquera volontiers tous renseignements à cet égard à ceux de nos commerçants qui en feraient la demande.

Les principaux articles importés dont le chiffre est supérieur à celui de l’exercice précédent sont: la draperie, les vêtements, confections qui représentent un quart de l’importation totale et sont en progrès de 188000 livres sterling sur l’an dernier. Les fers, machines, instruments agricoles, clouterie, présentent un page 248excédent de 76000 liv. st., et les vins, bières, spiritueux et tabacs de 55 000 liv. st.

Le groupe « divers » en augmentation de 150 000 liv. st. comprend les armes et munitions, bicyclettes, articles de pharmacie, instruments de musique, verrerie, mobiliers, etc,, etc. Rappelons qu’il est indispensable de joindre la facture à tout envoi de l’étranger; faute de remplir cette formalité, les expéditeurs s’exposent à ce que l’administration des douanes fasse procéder à une estimation par experts, et ceux-ci, surtout pour certains articles que des spécialistes seuls peuvent estimer à la juste valeur, ne manquent pas de priser toujours très haut de crainte de taxer trop bas. De plus, tous les frais de cette expertise, les déballages, remballages, etc., sont aux frais des propriétaires de la marchandise et la grèvent d’autant. Un dernier avis à nos commerçants en terminant le chapitre des importations. Les expéditeurs anglais ont l’habitude de classer tous les frais sous une seule rubrique; aussi les négociants néozélandais manifestent-ils souvent leur surprise en voyant la longue nomenclature de frais divers, article par article, dont sont souvent chargées les factures françaises: emballage, caisse, transport, camionnage, manutention, assurance terrestre, maritime, fret, droits de port, transit, commission, ports de lettres, timbres de quittances, etc., etc. Le total n’est souvent pas plus fort que sur les notes de leurs confrères anglais, mais les commerçants, ici, s’effrayent de la multiplicité des « items » et s’imaginent que c’est un stratagème pour enfler la facture. Ils se trompent, cela va sans dire, mais le préjugé existe, il est très difficile à déraciner, et comme l’un des meilleurs moyens de s’introduire sur une place est de se plier aux usages locaux sans considérer s’ils sont bons ou mauvais, je conseillerais vivement aux commerçants français d’imiter la façon de faire de leurs voisins d’outre-Manche et de porter toutes les dépenses en bloc; ils n’y perdront rien, et cela peut leur procurer des clients. Il faudrait aussi exécuter plus promptement les ordres que ne le font certaines maisons françaises page 249en rapports d’affaires avec la colonie. Les commandes données à nos commerçants emploient, en général, m’assure un représentant bien informé, deux fois plus de temps à parvenir que celles faites à des maisons anglaises.

1 Dans l’énumération ci-dessus nous avons converti les droits en poids et mesures français et en chiffres français aussi approximatifs que possible.

Commerce d’Exportation

Les exportations de Nouvelle-Zélande en 1899, non compris les chevaux et fourrages expédiés dans l’Afrique du Sud avec le contingent néo-zélandais, se sont élevées à 11938 335, livres sterling, environ 300 millions de francs. Les importations, tout en étant de 10 millions de francs plus considérables qu’en 1898, n’ont pas dépassé 8 613 656 liv. st., numéraire non compris; les sorties présentent donc, pour le dernier exercice, un excédent de 3186 084 liv. st. sur les entrées. Comme les intérêts (avec l’amortissement) de la Dette publique sont de 1700000 liv. st. environ, les exportations ont dépassé ce chiffre de près de moitié.

On voit par là, qu’outre la quantité nécessaire à la consommation locale, la colonie a été en état de produire non seulement une valeur suffisante pour payer toutes les marchandises importées, mais aussi pour acquitter les intérêts et changes des emprunts faits par le Gouvernement, tout en laissant un boni important. Si on considère que les importations ont augmenté, c’est, on le voit, une position financière satisfaisante.

L’exportation, en 1899, offre un surplus de 1 500000 liv. st. en chiffres ronds sur celle de l’année précédente.

La classe des produits agricoles contribue, pour la plus large part, à cette augmentation, car elle présente un surplus de 500 000 liv. st. sur 1898.

Les mines avancent de 469 000 liv. st. sur l’année dernière et la classe dite « Animaux et produits des animaux » de 315 000 liv. st. Les autres groupes « Forêts, Pêcheries, Manufactures » fournissent le reste de l’augmentation du dernier exercice.

Il est à noter que, cette fois, tous les groupes sont en progrès.

page 250

Réparties par ordre d’importance, les exportations de Nouvelle-Zélande peuvent se classer ainsi:

1° Laine 4 324 627 liv. st.
2° Viande gelée 2 088 856 liv. st.
3° Produits divers 1 867 716 liv. st.
(Charbon, argent, poissons, gomme de Kauri, bois, animaux vivants, etc.)
4° Or 1513180 liv. st.
5° Produits agricoles 913 678 liv. st.
6° Beurres et fromages 713 617 liv. st.
7° Produits manufacturés 378 066 liv. st.

Exportations de la Nouvelle-Zélande en France

Le total des exportations directes de cette colonie sur notre pays s’est élevé, en 1899, à 125 000 francs environ dont 100 000 francs pour la laine (sur 100 millions de francs de cet article envoyé en Europe, la même année), 16 000 pour la gomme de Kauri et 9 000 francs d’articles divers. Il ne m’a pas été possible d’avoir le détail des exportations sur nos colonies de Tahiti et Nouvelle-Calédonie qui sont comprises dans la rubrique générale « Iles du Pacifique ».

Principaux Articles d’Exportation

Dans les dix dernières années, la quantité de laine exportée a augmenté de 43 pour 100, celle de l’or de 107 pour 100. La réexportation se maintient stationnaire et, comme nous l’avons dit, l’an dernier, représente un chiffre insignifiant. Dans le total de l’exportation, l’île du Nord figure pour un peu plus de la moitié, mais l’île du Milieu a regagné, puisque, en 1898, elle ne représentait que 44 pour 100 du total et, cette année, y est comprise pour 49, 60 pour 100.

Laine

Sur les 148 millions de’ livres de laine obtenus en Nouvelle-Zélande, 144 ont été exportés et 4 millions seulement ont été page 251achetés par les fabriques de la colonie; nous avons exposé en détail, dans le rapport de 1898, à l’article « Laine », les motifs qui empêchent le développement des manufactures locales.

Lapins Gelés

On sait que si les lapins ont causé un peu moins de ravages en Nouvelle-Zélande qu’en Australie, ils ont, cependant, gravement endommagé certains districts, surtout dans le Sud, et leur destruction est le souci constant des propriétaires envahis. Dans une exploitation moyenne, on dépense, facilement, 25 000 francs par an pour se débarrasser des prolifiques rongeurs. Quelques industriels, frappés de la valeur représentée par ces millions de cadavres qu’on laissait pourrir sur place quand les vautours ne mangeaient pas tout, eurent l’idée, il y a vingt ans, de les préparer pour l’exportation. Ce commerce prospéra tout d’abord, et on arriva à exporter, dans une seule année, jusqu’à 17 millions de peaux évaluées à 3 millions et demi de francs. Puis le chiffre diminua, les peaux, sans qu’on puisse très bien se rendre compte du motif, étant moins appréciées en Europe, et, l’année dernière, il n’en est parti que 7 millions de cette colonie. Cela devenait inquiétant, car ne trouvant plus la vente de leurs lapins, les « runholders »1 réduisaient les dépenses de destruction, et la colonie risquait de se trouver envahie. Des propriétaires d’usines frigorifiques essayèrent alors d’en congeler quelques centaines et de les envoyer à Londres; l’expérience réussit, et maintenant beaucoup d’usines ont joint la congélation des lapins à celle des moutons. Il s’est même fondé, l’an dernier, une ou deux usines dans le comté d’Otago qui ne font plus que le lapin; il en a été exporté 5 millions en 1899, valant environ 0 fr. 60 la pièce. Les frais de préparation et le fret ne devant guère dépasser 0 fr. 20 par tête, un lapin qui, jadis, n’était bon qu’à jeter, vaut, aujourd’hui, à peu près 8 sous. On ne peut plus donc considérer ces animaux comme une ruine page 252pour le pays. Il va sans dire que la destruction des lapins par le poison n’est plus employée dans les districts où on les vend aux usines de congélation.

1 Possesseurs de grandes exploitations agricoles.

Viande Gelée

Cet article occupe maintenant le second rang parmi les exportations de la Nouvelle-Zélande. Nous constations naguère, qu’en 1898, cette branche avait décuplé. Cette année, elle est de 94 millions de kilogrammes environ, contre 71 millions en 1898, et représente une valeur de 50 millions de francs, soit 10 millions de plus. La progression est donc rapide et constante.

Phormitjm Tenax

L’exportation du phôrmium tenax, qui était en décroissance légère, a beaucoup repris cette année. Il en a été exporté pour près de 5 millions de francs. Cette augmentation est due à l’état toujours troublé des îles Philippines qui a restreint la culture de la manille, dont les cours règlent ceux du phormium. Une note détaillée sur ce produit de Nouvelle-Zélande a paru, dernièrement, au Moniteur officiel du Commerce, n° 903, du 18 octobre 1900.

Fromages et Beurres — Gomme de Kàuri

Les fromages et beurres et la gomme de Kauri présentent également un chiffre très supérieur à celui de l’année passée. Je me propose de consacrer, un peu plus tard, à ce dernier article qui est demandé de plus en plus par l’industrie européenne, un rapport spécial.

Or

En 1899, l’exportation de l’or a considérablement augmenté. Elle peut être évaluée à 40 millions de francs contre 27 en 1898. La durée de la guerre Sud-Africaine en parait être la principale cause avec le développement du système de broyage mouillé dit « wet crushing ».

page 253

Charbon

Il existe en Nouvelle-Zélande, principalement sur le côté ouest de l’île du Milieu, des mines de charbon qui sont exploitées depuis 1878. La première année, il n’en a été extrait que 162000 tonnes, et exporté que 3000. Suivant une progression annuelle continue, la colonie en a produit, pendant le dernier exercice, 975000 tonnes. Sur les 1074000 qu’a exigé l’approvisionnement des navires, 100000 seulement provenaient de l’étranger, et il en a été exporté 15000. Autrefois plus de la moitié était importé, aujourd’hui un dixième seulement est nécessaire. Dans peu d’années, non seulement le pays suffira à sa consommation, mais il pourra encore en exporter des quantités importantes. La plus grande partie du charbon néozélandais est de fort bonne qualité, certains le déclarent même égal aux meilleures sortes européennes. Les mines forment un département ministériel spécial, et comprenant toute l’importance qu’elles présentent pour l’avenir de la colonie, le Gouvernement s’en occupe avec une grande sollicitude. Rien n’est épargné pour obtenir, tant dans les mines d’or que dans celles de charbon, avec une exploitation rationnelle, la plus grande production possible, et les ingćnieurs du Ministère, constamment sur les lieux, veillent avec soin à l’exécution des mesures prescrites dans l’intérêt général.

Commerce avec l’Angleterre

La Nouvelle-Zélande devient un marché de plus en plus important pour le Royaume-Uni. Son commerce avec la mère patrie n’a pas été inférieur à 13 millions et demi de livres sterling, soit, à très peu de chose près, la valeur des marchandises exportées par la Grande-Bretagne en France en 1898. Pour une population de 700000 âmes, c’est un chiffre très satisfaisant. Cette colonie a fait presque autant d’affaires avec l’Angleterre que la Nouvelle-Galles du Sud et plus que Victoria, et, pourtant, page 254dans ces deux pays d’Australie, la population est infiniment supérieure.

III. — Navigation

A la fin de l’année 1899, on comptait 522 navires ayant leur port d’attache en Nouvelle-Zélande, soit 16 dc plus que l’année précédente, où il n’y en avait que 506. L’augmentation porte sur les navires à vapeur dont le nombre s’est accru de 24 (212 au lieu de 188), tandis que l’on compte 8 navires à voiles de moins. Cette progression de la vapeur s’accentue chaque année.

Il est entré, l’an dernier, dans les ports de la Nouvelle-Zélande, 609 bâtiments représentant un tonnage global de 813183 tonnes, et il en est reparti 604 jaugeant ensemble 807866 tonneaux. Sur ce nombre, il y avait, à l’arrivée, 214 voiliers chargés de marchandises et 38 sur lest, 339 bâtiments à vapeur chargés et 18 sur lest.

Au départ, 229 voiliers emportaient des produits de la colonie et 21 étaient sur lest; quant aux vapeurs, 13 seulement partaient dans ces conditions, 341 avaient leurs cales remplies.

Sur les 604 bâtiments qui ont quitté les ports du pays, on comptait:

Coloniaux 379
Anglais 152
Norvégiens 32
Américains 22
Suédois 7
Danois 4
Italiens 3
Allemands 3
Russe 1
Français 1
         Total 604

La proportion est à peu près la même pour les 609 bâtiments enregistrés à l’entrée. C’est, on le voit, par une simple unité que le pavillon français figure dans cette énumération. Il s’agit page 255d’un bâtiment ayant son port d’attache dans une de nos colonies du Pacifique, affrété par une maison française pour prendre un chargement en Nouvelle-Zélande, trafic tout à fait accidentel. Une maison de Nouvelle-Calédonie a tenté, cette année, un voyage d’essai entre Nouméa et Auckland et obtenu un chargement très satisfaisant; elle doit renouveler cette expérience. Il serait bien à désirer qu’un courant d’échanges régulier s’établît entre cette colonie et notre possession océanienne au lieu du transit actuel par Sydney; les deux y gagneraient. J’exprimais, il y a un an, le regret que la Compagnie des Messageries maritimes ne se décidât pas à établir, au moins à titre d’essai, un service annexe sur Tahiti, privé jusqu’ici de tout moyen de communication rapide; j’ai envoyé plusieurs rapports sur le sujet, mais aucune solution n’a pu intervenir, et nos compatriotes las d’attendre un service français qu’ils eussent, cela va sans dire, préféré à tout autre, se sont décidés à traiter avec une Compagnie américaine. Il est regrettable, je le répète, que, dans ces mers où nos couleurs apparaissent déjà si rarement, ce soient encore des navires étrangers qui assurent les communications avec nos établissements. Toutes les autres nations ont des paquebots à elles pour desservir leur colonies du Pacifique. Les 150000 francs par an, alloués par le Gouvernement de Tahiti à la Compagnie américaine, représentent à peu près la valeur du charbon consommé. Une Compagnie française n’eût donc couru, semble-t-il, aucun risque en entreprenant ce service.

IV. — Progrès de la Colonisation en Nouvelle-Zélande de 1890 a 1900

La Direction générale de la statistique vient de publier un tableau de développement de la Nouvelle-Zélande durant les dix dernières années. Il nous paraît intéressant de le reproduire ici, car rien ne donne une idée plus exacte, que les chiffres officiels, des progrès constants de la colonisation dans ce pays.

page 256
Statistiques Comparées du 30 Septembre 1890 et du 30 Septembre 1900.
1890 30 septembre 1900 30 septembre Augmentation
Numérique Pour cent.
Population (à Fexclusion des Maoris) 620545 764181 143636 2315
Importations totales: valeur en liv. st 6371479 10047332 3675853 5769
Exportations totales: valeur en liv. st 9985250 1366126 3675986 3681
Exportations totales: valeur en liv. st 9759846 13447966 3718120 3810
       (Produits de la colonie)
Exportation de Laine: quantité en lb 102522185 144829515 42307330 4127
Exportation de Laine: valeur en liv. st 4206365 4936216 729851 1736
Viande gelée: quantité en cwt 852733 2065430 1212677 14221
Viande gelée: valeur en liv. st 1045576 232133 1281557 12227
Peaux de moutons: quantité no 2148592 5442962 3294370 15333
Et autres: valeur en liv. st 121686 312047 190361 15644
Beurre: quantité en cwt 38371 162262 123891 32288
Beurre: valeur en liv. st 132576 699909 567333 42793
Fromage: quantité cwt 41310 103796 62486 15126
Fromage: valeur en liv. st 88647 227093 138446 15618
Or: quantité oz 232625 387663 155038 6665
Or: valeur en liv. st 928798 1501939 573141 6171
Charbon: quantité tonnes 637397 (1890) 975234 (1899) 337837 5300
Charbon: valeur en liv. st 318698 487617 168919 5300
Propriétés occupées: nombre 38178 (1891) 62483 (1899-1900) 24307 6367
Terres cultivées: acres 8039765 (1891) 12515802 (1899-1900) 4476037 5567
Surface des terrains occupés: acres 31867505 (1891) 34422653 (1899-1900) 2555148 8018
Moutons: nombre 16116113 (1891) 19348506 (avril 1899) 3232393 2006
Bétail: nombre 831831 (1891) 1222139 (1899-1900) 390308 4692
Milles de chemins de fer ouverts au trafic 1842 (1890) 2196 (30 sept. 1900) 354 1922
Milles de lignes télégraphiques ouverts 5060 (31 mars 1891) 6910 (31 mars 1900) 1850 3656
Dépôts dans les caisses d’épargne postales. Liv. st 2441876 (1890) 5320370 (1899) 2878494 11788
Valeur des terres et améliorations: liv. st 122225029 (1891) 138591347 (1898) 16366318 1339
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Si l’on prend la moyenne de ces différents articles de statistique, on trouve que l’activité y a, pour ainsi dire, doublé. Le progrès est exactement de 94 pour 100 sur toutes les branches réunies. Certaines, comme l’étendue des terres cultivées qui est de 55 pour 100 plus considérable qu’en 1890 et celle des terres occupées (culture et pâture réunies), qui présente une augmentation des quatre cinquièmes, sont des signes extérieurs très probants de la richesse du pays. Dans cet ordre d’idées, les dépôts dans les caisses d’épargne qui, en dix ans, ont passé de 61 millions de francs à 133 millions (117 p. 100 de plus), le développement de la propriété privée, qui, évaluée en 1890 à 142631461 livres sterling, un peu plus de 3 milliards et demi de francs, soit 5700 francs par tête d’habitant, est estimée aujourd’hui 217587481 liv. st., environ 5 milliards et demi, soit, répartis sur l’ensemble de la population, 7200 francs par tête, constituent des exemples non moins frappants de la marche ininterrompue de cette possession britannique vers une prospérité toujours croissante.